mardi 4 septembre 2012

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Le Point.fr - Publié le 04/09/2012 à 11:55 - Modifié le 04/09/2012 à 20:27

Un récit de la mort du chef d'al-Qaida par un ancien de l'unité d'élite américaine déplaît au Pentagone. Et délie les langues.

La villa d'Abbottabad, au Pakistan, où Oussama Ben Laden a été tué. La villa d'Abbottabad, au Pakistan, où Oussama Ben Laden a été tué. © Asif Hassan / AFP

On ne pouvait imaginer meilleure promotion. Avant sa publication mardi, le très attendu No Easy Day ("Pas une journée facile") a subi les foudres du Pentagone, dont le porte-parole déclarait vendredi qu'il n'écartait pas l'idée d'une action en justice contre son auteur. Ce dernier, ex-membre de l'unité d'élite de l'armée américaine Seals et ex-membre de la Team 6 qui a mené le raid contre Oussama Ben Laden le 1er mai 2011, raconte en effet par le menu les étapes de l'opération Geronimo. Et viole, ce faisant, l'accord de non-divulgation d'informations qu'il avait signé lorsqu'il était en service.
Révèle-t-il, pour autant, des informations classées secret-défense ? Absolument pas, selon son avocat Robert Luskin, qui assure que le manuscrit a été visé, avant publication, par un service juridique. Reste que le récit - "de première main", insiste la couverture - semble contredire en certains points la version livrée par la Maison-Blanche après l'opération. L'auteur (qui signe sous le pseudonyme de Mark Owen, mais dont la véritable identité, Matt Bissonnette, a été révélée par les médias américains) affirme ainsi que le leader d'al-Qaida était désarmé lorsque les membres du commando ont fait irruption dans sa villa d'Abbottābād, au Pakistan.

Contradictions

Ben Laden n'aurait donc pas tenté de résister à l'assaut les armes à la main. Il aurait été touché à la tête après l'avoir passée dans l'encadrement de la porte de sa chambre. Et aurait été achevé de plusieurs autres balles, alors qu'il se convulsait déjà à terre. Interrogés par l'Agence France-Presse, des responsables américains ont expliqué qu'il était en effet désarmé au moment où il a été touché, mais que l'équipe sortait bien d'un échange de tirs. Et qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une exécution.
"Mark Owen" raconte également que le corps d'Oussama Ben Laden aurait servi de siège à un membre des Seals lors de son transport en hélicoptère. Un autre lui aurait tiré la barbe pour parvenir à la meilleure photographie d'identification possible. Ce qui semble là encore contredire la version de la Maison-Blanche selon laquelle la dépouille du leader d'al-Qaida a été traitée avec respect. Interrogé par l'AFP, un ancien agent de l'unité affirme toutefois, sans se prononcer sur la véracité du témoignage de Matt Bissonnette, qu'il arrive en opération que les hommes soient obligés de voyager avec les cadavres de leurs camarades. Et même de s'asseoir sur eux, faute de place.
Selon le coauteur du texte, le journaliste Kevin Maurer, il n'a jamais été question pour Matt Bissonnette de causer du tort à l'armée. Au contraire ! Il s'agissait pour lui de "partager l'histoire des hommes et des femmes incroyables qui défendent l'Amérique partout dans le monde". "Mark a un respect inébranlable pour l'armée américaine, et en particulier pour les hommes avec qui il a servi", explique-t-il ainsi au New York Times.

Retour de bâton

D'autres anciens sont pourtant plus nuancés sur les motivations de l'auteur. Lundi, le même journal révélait qu'un second ouvrage, un e-book cette fois, devait être publié. Intitulé No Easy Op ("Pas une opération facile"), il est le fruit du site spécialisé sofrep.com, fondé par un autre ancien membre des Seals, Brandon Webb. Ce dernier a expliqué au quotidien qu'il s'était entretenu au cours de l'année avec Matt Bissonnette. Celui-ci aurait été exclu des Seals après avoir exprimé son souhait de quitter l'armée pour créer une entreprise. "Comment a-t-il été remercié pour son honnêteté et ses 14 ans de service ? Il a été ostracisé sans préavis, et mis dans un avion pour la Virginie alors qu'il était en opération d'entraînement", écrit Brandon Webb dans un extrait cité par le journal. Ébranlé par la manière dont il avait été traité, Matt Bissonnette aurait eu moins de scrupules à écrire un livre dont il savait qu'il déplairait à ses anciens collègues.
Cette publication pourrait, selon les auteurs de No Easy Op, conduire à un changement de politique au sein de l'armée américaine, qui voit d'un mauvais oeil ses agents "fanfaronner" avec "leurs exploits". Pourraient ainsi, à l'avenir, leur être fermées les portes des médias. Mais aussi d'Hollywood, à qui il arrive de travailler main dans la main avec le Pentagone.


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20 Commentaires

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Saraiol le 05/09/2012 à 10:33

Et alors ?

Que de bruit pour rien au sujet de l’exécution d’un assassin de milliers de civils !
eritorio le 05/09/2012 à 10:18

L'armée a bien fait son boulot

Voilà des propos et manipulations très égoïstes des américains concernant cette affaire. On oublie complètement les milliers de morts auxquels Ben Laden n'a pas donné le choix lors des divers attentats qu'il a perpétré. La justice et les médias américains n'ont pas à entacher le travail de l'armée qui a eu tant de mal à le trouver. Justice faite. Pas de cadeau pour les monstres dangereux.
piquant 22 le 05/09/2012 à 09:53

Beaucoup trop d'écart...

... entre l'élimination physique lors d'un raid : et l'élimination par pendaison après un jugement.
C'est la différence entre un condamne a mort et un règlement de compte.
Le résultat est le même, mais pour les familles des victimes du 11 septembre, ce n'est sûrement pas pareil.
lavalette le 05/09/2012 à 09:13

Polémiques stupides.

Mais pourquoi diable, quand un terroriste, un assassin, [... ]est tué surgit irrémédiablement une polémique toujours débile, il est mort, qu'importe la manière si le résultat a été atteint, curieusement pour les victimes les polémiques n'existent pas, on les enterre rapidement et on les oublie très vite, comme les victimes de Merah. L'occident à force d'humanisme et de démocratie, en oublie l'essentiel, le discernement logique et impartial et ce qui a fait sa force depuis mille ans, rendre toujours coup pour coup.
dolie le 05/09/2012 à 09:08

@Surobi&Kapisa

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