Guerre et Paix
Mis à Jour le : 20 juin 2008 00:07
Les USA ont publié les plans de la bombe atomique sur internet
20 juin 2008
Les Etats-Unis, qui affirment vouloir assurer la
sécurité globale et au nom de cet objectif s’arrogent le droit
d’attaquer l’Iran, présentent la dissémination de la technologie
nucléaire comme un risque majeur, inacceptable. Il s’agit là d’un
argument sérieux, qui semble devoir mériter considération. A ceci près
qu’en 2006, dans sa frénésie de prouver rétrospectivement le bien fondé
de son invasion de l’Irak, la Maison Blanche a publié sur le net la
recette de la bombe sur un site mettant à disposition du public les
archives saisies après la guerre. Au grand dam de l’AIEA.
Par William J. Broad, New York Times, 3 novembre 2006 - extraits
En mars 2006, le gouvernement des USA a créé un site Web
destiné à rendre publiques les nombreuses archives de documents
irakiens saisis durant la guerre. L’administration Bush a pris cette
décision sous la pression des élus Républicains du Congrès qui
espéraient mettre à profit Internet « pour trouver de nouvelles preuves
des dangers posés par Saddam Hussein, avant le déclenchement de la
guerre ».
Mais au cours des dernières semaines, le site
« Opération Iraqi Freedom Document Portal » a publié des informations
que les experts en armement jugent dangereuses. Il s’agit des comptes
rendus détaillés des programmes Irakiens secrets de recherche nucléaire,
datant d’avant la première guerre du golfe en 1991. Selon les experts,
ces documents fournissent un guide de base pour la fabrication d’une
bombe atomique.
La nuit dernière, le gouvernement a fermé ce site après
que le New York Times se soit fait l’écho des protestations émises par
les spécialistes des systèmes d’armes et les fonctionnaires
internationaux chargés du contrôle des armements. Un porte-parole du
directeur des services de renseignement a annoncé que l’accès au site
avait été suspendu « en attendant un examen destiné à s’assurer que son
contenu convienne à une diffusion publique. »
Les fonctionnaires de l’Agence Internationale de
l’Energie Atomique, craignant que ces informations puissent faciliter le
développement d’armes nucléaires pour des Etats comme l’Iran, ont
adressé la semaine dernière une protestation officieuse au délégué
américain auprès de l’AIEA, affirment des diplomates européens qui ont
choisi de garder l’anonymat. Un diplomate déclare que les experts
techniques de l’agence « ont été choqués » par cette divulgation.
Les documents incriminés, au nombre d’une douzaine
environ, sont des diagrammes, des schémas, des formules mathématiques
ainsi que de longs textes explicatifs sur la fabrication de bombes
nucléaires. Les experts qui les ont consultés estiment que ces
informations vont au-delà de ce qui est disponible sur Internet ou dans
d’autres forums publics. Ces documents fournissent des informations
détaillées sur le processus de fabrication des circuits de tir
nucléaire et de déclenchement des explosifs, ainsi que sur les noyaux
radioactifs des bombes atomiques.
« Pour les Etats-Unis, c’est très irresponsable de
lancer un allumette sur un terrain aussi inflammable », juge Bryan A.
Siebert, ancien responsable de la classification des documents au
ministère de l’Energie, chargé des programmes d’armement nucléaire. « Il
y a beaucoup de choses concernant les armes nucléaires qui sont
secrètes et doivent le rester. »
Le gouvernement avait déjà reçu des avertissements sur
le contenu de ce site Web. Au printemps dernier, après que le site ait
publié des documents irakiens traitant des armes chimiques, les
fonctionnaires des Nations Unies en charge du contrôle des armements
avaient obtenu le retrait d’une page qui fournissait des informations
sur la production du tabun et du sarin, des agents neurotoxiques mortels
qui provoquent une insuffisance respiratoire.
Des diplomates européens ont déclaré cette semaine que
certains des documents rendus disponibles sur ce site sont identiques à
ceux présentés au Conseil de sécurité de l’ONU à la fin 2002, alors que
les USA se préparaient à envahir l’Irak. Mais contrairement à la
version publiée sur Internet, les documents transmis au Conseil de
Sécurité avaient été largement censurés, afin de dissimuler des
informations sensibles sur les armes non conventionnelles.
Cette expurgation, selon les diplomates, avait été
réalisée en accord avec les responsables américains et ceux des nations
maîtrisant la technologie nucléaire. Mohammed El Baradei, le directeur
de l’Agence Internationale de l’Energie, qui fut responsable d’une
partie des inspections en Irak, avait déclaré au Conseil de Sécurité fin
2002 que ces précautions étaient « consistantes avec la règle selon
laquelle les informations sensibles ne doivent pas être rendues
publiques. »
Un diplomate européen de haut rang note que des experts
ont étudié ces documents nucléaires publiés sur ce site et ont jugé leur
publication potentiellement dangereuse. « C’est un livre de cuisine »,
déclare ce diplomate, qui s’exprime anonymement en raison de son
obligation de réserve. « Si vous disposez de cela, cela accélère un tas
de choses. »
Le New York Times a examiné des dizaines de ces documents et a demandé à plusieurs experts nucléaires d’en évaluer certains.
Peter D. Zimmerman, un physicien qui a travaillé au
service de l’état, les a qualifié de « très sensibles, dont une
grande partie relève sans aucun doute de données classifiées. »
Publication originale New York Times, traduction Contre Info
Illustration : schéma de principe d’une arme nucléaire
Référence
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2083
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mardi 20 novembre 2012
le plan secret de l'arme nucleaire
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