Dans "Politique première" sur BFMTV, Anna Cabana, grand reporter au "Point", explique comment le ministre du Redressement productif s'est assagi.
Pour Anna Cabana, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a appris à garder son calme.© Pol Emile / Sipa
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On ne peut pas dire que le gamin insolent de la politique a mûri, il a beau avoir 50 ans, on n'en est pas encore là. Mais on a envie de dire qu'il a grandi, qu'il s'est comme radouci. C'est un scoop : Arnaud Montebourg a appris la prudence et la nuance ! L'homme qui s'est présenté hier soir devant les téléspectateurs a gardé son calme de bout en bout, même quand le vice-président de l'UMP Laurent Wauquiez lui a, avec talent, chauffé les oreilles. Dès le début de l'émission, le ministre du Redressement productif a donné le la en disant qu'il fallait "s'équilibrer". Le verbe "s'assagir", il le laisse aux commentateurs. Il avait travaillé sa posture et ses dossiers. Il avait devant lui plus de fiches que David Pujadas. J'ai adoré le petit sourire amusé qui se dessinait sur ses lèvres quand étaient projetées des archives vidéo où il paraissait théâtral et outrancier, et pas plus tard que pendant la campagne pour la primaire socialiste. On écoute la façon, habile, dont il s'est justifié hier soir : "J'étais obligé de faire un peu de gonflette pour essayer de survivre."
Et maintenant, il ne fait plus de "gonflette" ?
Ni gonflette ni même lyrisme. Désormais, il fait ce qui était inimaginable pour lui : des mea culpa. Franz-Olivier Giesbert a réussi à lui faire dire qu'il regrettait d'avoir, en juillet, violemment attaqué la stratégie du groupe PSA Peugeot Citroën dirigé par Philippe Varin. "J'ai beaucoup d'estime pour M. Varin, c'est un homme très droit, et d'ailleurs ce n'est pas facile pour lui. Si vous voulez me faire dire qu'on aurait pu s'y prendre autrement, je pense que je peux vous le dire." On s'est pincé en entendant ça. Et ce n'est pas tout : le Montebourg nouveau dit aussi du bien de ses petits camarades ministres, ainsi que de François Hollande. "C'est un homme qui a vu des choses que des gens comme moi n'ont pas aperçues." Un peu plus et Montebourg va nous faire croire qu'il est devenu modeste !
Quelle est sa stratégie ?
Il a décidé d'arrêter de jouer les casse-cou de la politique. Mais pas de mener combat. Son ennemi : "la ligne libérale naïve" - comme il dit en privé - d'une partie des socialistes, au premier rang desquels le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Hier soir, Montebourg a réussi à ne pas dire du mal de Ayrault, ce qui pour lui est un exploit, mais il a lâché une phrase essentielle : "La question n'est pas personnelle, elle est totale politique." Fin novembre, juste après avoir été désavoué par Ayrault sur l'affaire Florange, il nous confiait : "J'ai un problème politique avec le Premier ministre. Il y a une fracture politique au sein du gouvernement. Il y a deux orientations politiques. L'une libérale, l'autre interventionniste." Évidemment, Montebourg entend incarner cette ligne interventionniste et favorable, entre autres, à la taxe à 75 %. Il estime que le virage social libéral de Hollande lui ouvre un bel espace. Un député montebourgeois assure : "Aujourd'hui, l'aile gauche du PS, c'est Arnaud et personne d'autre."
Chaque matin, à 6 h 50 et à 7 h 50, Anna Cabana, grand reporter au Point, décrypte sur BFM TV les coulisses de la politique.
Par Anna Cabana
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