jeudi 20 février 2014

les violences de Kiev ont fait au moins 25 morts

les violences de Kiev ont fait au moins 25 morts

Par Les Echos | 19/02 | 13:28 | mis à jour le 20/02 à 11:53 | 9commentaires

+ VIDEOS - Les opposants ont repris la place Maïdan aux forces policières. Des témoignages font état de plusieurs corps au sol sur la place de l’indépendance. Les ministres européens, dont Laurent Fabius, ont finalement pu rencontrer Viktor Ianoukovitch.

Les ministres européens renoncent à rencontrer le président ukrainien Ianoukovitch pour « raison de sécurité » - AFP/Bulent Kilic
Les ministres européens renoncent à rencontrer le président ukrainien Ianoukovitch pour « raison de sécurité » - AFP/Bulent Kilic
11h37 Au moins 25 manifestants ont été tués dans les violences jeudi dans le centre de Kiev, selon l'AFP. Un journaliste a vu huit cadavres gisant sur le sol devant la poste centrale sur le Maïdan, place centrale de Kiev, et dix autres non loin de là, devant l'hôtel Kozatski. Un autre journaliste de l'AFP a compté sept corps dans le hall de l'hôtel Ukraïna, de l'autre côté de la place.
11h22 Vingt et un corps recouverts de couvertures étaient allongés jeudi sur la place de l'Indépendance ou à proximité à Kiev, théâtre de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, rapporte un photographe de Reuters. Vasily Fedosenko dit avoir vu d'abord six corps dans la partie nord-ouest de la place puis, quelques instants plus tard, quatre autres une centaine de mètres plus loin. Il s'agissait uniquement de civils, a-t-il précisé. Il a ensuite vu cinq autres cadavres devant l'hôtel Ukraina, qui se trouve sur une colline dominant la place, puis encore six autres en différents endroits proches de "Maïdan".
Les médias ukrainiens et un compte Twitter de l'opposition avancent un bilan de plus de 30 morts parmi les manifestants.
11h05 Le pouvoir ukrainien impute les violences du matin aux opposants. "Ils sont passés à l'offensive. Ils fonctionnent en groupes organisés. Ils utilisent des armes à feu, notamment des fusils de snipers. Ils tirent pour tuer", écrit la présidence dans un communiqué. "Le nombre de morts et de blessés parmi les policiers se chiffre en dizaines", ajoute la présidence sur son site internet.
10h46 Au moins 17 manifestants tués par balles dans le centre de Kiev, a constaté l'AFP.
10h44 La rencontre entre Ianoukovitch et les ministres européens est en cours, annonce la présidence ukrainienne.
10h26 La Russie ne veut pas d'un pouvoir ukrainien sur lequel "on s'essuie les pieds", déclare Dimitri Medvedev.
10h20 Les ministres européens se rendent finalement à la Présidence pour leur réunion avec Viktor Ianoukovitch, affirme le Quai d'Orsay. La réunion n'est pas annulée mais reportée.
10h08 Tirs nourris à balles réelles dans le centre de Kiev, affime un photographe de l’AFP
9h52 Les ministres européens annulent leur rencontre avec Ianoukovitch à Kiev pour « raison de sécurité ». Le ministre polonais, Radoslaw Sikorski, et ses homologues français Laurent Fabius et allemand Frank-Walter Steinmeier devaient rencontrer Viktor Ianoukovitch.
« Fumée noire, détonations et coups de feu autour du palais présidentiel. Rencontre déplacée à un autre endroit. Responsables pris de panique », écrit Radoslaw Sikorski sur Twitter.
Les émissaires Européens avaient auparavant pu rencontrer des représentants de l’opposition.
9h46 Dix corps recouverts de couvertures étaient allongés jeudi en deux endroits distincts de la place de l’Indépendance à Kiev, théâtre de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, rapporte un photographe de Reuters.
Vasily Fedosenko dit avoir vu d’abord six corps dans la partie nord-ouest de la place puis, quelques instants plus tard, quatre autres une centaine de mètres plus loin. Il s’agissait uniquement de civils, a-t-il précisé.
9h40 Au moins un manifestant a été tué et une dizaine d’autres blessés lors des nouveaux affrontements avec la police qui ont éclaté jeudi matin à Kiev, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les victimes ont été atteinte par balles, sans qu’il soit possible de dire s’il s’agissait de balles en caoutchouc ou de munitions réelles. Un peu plus tôt, des centaines de manifestants avaient chargé et repoussé un cordon de police sur le Maïdan, la place de l’Indépendance à Kiev.
9h20 La télévision ukrainienne a diffusé jeudi des images de deux corps allongés sur le sol et recouverts de couvertures près de la place de l’Indépendance à Kiev
8h15 Des centaines de manifestants ont chargé jeudi matin le cordon de police sur le Maïdan à Kiev, reprenant le contrôle de la place, en dépit d’une trêve annoncée par les autorités, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les manifestants, casqués et armés de gourdins, protégées par des boucliers semblables à ceux des policiers, ont escaladé leurs propres barricades avant de se lancer à l’assaut d’un cordon des forces de l’ordre. Les policiers ont reculé sur plusieurs centaines de mètres, abandonnant le terrain qu’ils avaient repris lors d’un assaut dans la nuit de mardi à mercredi. Ils ont protégé leur recul par des tirs soutenus de balles en caoutchouc qui ont blessé une dizaine de manifestants, aussitôt chargés sur des brancards et évacués vers les infirmeries de fortune de l’opposition.
Le ministère de l’Intérieur a affirmé qu’un sniper a pris des policiers pour cible avant la charge et que vingt policiers ont été blessés, selon un communiqué. De nombreuses ambulances se dirigeaient toutes sirènes hurlantes vers le centre de Kiev.
Ce regain de violences survient alors que les ministres des Affaires étrangères français, allemand et polonais sont arrivés à Kiev pour rencontrer le président Viktor Ianoukovitch et les dirigeants de l’opposition.
Des athlètes ukrainiens ont décidé de quitter les Jeux olympiques de Sotchi alors que des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait au moins 26 morts depuis mardi dans leur pays, a annoncé jeudi le Comité international olympique (CIO). « Je crois que certains ont décidé de rentrer chez eux et (le président du comité olympique ukrainien) Sergueï Bubka a dit qu’il respectait absolument le droit de chacun à prendre ses propres décisions », a dit Mark Adams, porte-parole du CIO. Il n’a pas précisé le nombre d’athlètes concernés ni leur identité. L’Ukraine a envoyé une délégation de 43 athlètes à Sotchi, où les JO s’achèvent dimanche.
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Après une nouvelle journée de violences, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a annoncé mercredi soir avoir conclu une « trêve » avec les chefs de file de l’opposition, ajoutant que des négociations allaient débuter pour éviter de nouvelles effusions de sang. L’accord négocié prévoit, en premier lieu, une trêve avant « le lancement de négociations avec l’objectif de mettre fin aux effusions de sang et stabiliser la situation dans l’intérêt de la paix sociale ». Dans un communiqué, la présidence ukrainienne indique qu’il a été négocié avec les trois principaux chefs de file de la contestation, l’ancien ministre de l’Economie Arseni Iatseniouk, l’ex-boxeur Vitali Klitschko qui dirige le parti libéral Oudar et le nationaliste Oleh Tiahnibok.

Nouvelle journée de violences mercredi

La journée de mercredi avait pourtant été marquée par de nouvelles violences, d’autant que le président Viktor Ianoukovitch a remplacé mercredi en fin de journée le chef d’état-major des armées, et nommé Iouri Iliine chef d’état-major, en remplacement de Volodymyr Zamana, selon le texte du décret publié sur le site de la présidence, qui ne donne pas de raison à cette nomination.
L’armée ukrainienne peut d’ailleurs, désormais, faire usage de ses armes et limiter la circulation, dans le cadre des mesures antiterroristes prises par les autorités pour neutraliser les « extrémistes » présents parmi les manifestants, avait indiqué mercredi le ministère de la Défense. « Les troupes ont le droit d’utiliser leurs armes dans le cadre de l’opération antiterroriste », a-t-il dit dans un communiqué. Les soldats ont aussi le droit de « limiter ou interdire la circulation des transports et des piétons », et les militaires peuvent effectuer des contrôles d’identité et arrêter les personnes ayant commis des « actes illégaux », était-il indiqué.
Quelques heures auparavant, les services de la sécurité d’Etat (SBU) en Ukraine lançaient une « opération antiterroriste » à l’échelle du pays en raison de l’occupation de bâtiments publics par des « groupes extrémistes ». « Dans de nombreuses régions du pays, des bâtiments municipaux, des locaux du ministère de l’Intérieur, de la sécurité d’Etat et du parquet, des sites militaires et des dépôts d’armes sont pris d’assaut », a déclaré le chef du SBU, Oleksandr Iakimenko, dans un communiqué publié sur le site Internet de son organisation.

Obama inquiet des conséquences des violences

Mercredi dans la soirée, Angela Merkel a indiqué s’être entretenue avec le président russe Vladimir Poutine, soutien indéfectible du président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Ils auraient convenu de « tout faire pour éviter une escalade de la violence » en Ukraine, lors d’un entretien téléphonique.
De son côté, Barack Obama a prévenu mercredi que les violences en Ukraine auraient des conséquences si elles continuaient, et il a estimé que l’armée ne devait pas intervenir dans une situation susceptible d’être résolue par les civils. Le président des Etats-Unis, qui s’exprimait après une rencontre avec son homologue mexicain Enrique Pena Nieto, a dit condamner les violences de la façon la plus ferme, et a réaffirmé qu’une solution pacifique restait possible.
Enfin, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a demandé mercredi au gouvernement ukrainien de « renoncer à user d’une force excessive » contre les manifestants et de respecter « les exigences et les aspirations de la population ». Il souhaite la « fin immédiate des violences » et estime que « le recours à de telles mesures par l’une ou l’autre partie est totalement inacceptable ».
EN DIRECT - La situation à Kiev :

Hollande « condamne les violences »

Le ton s’était aussi durci dans les capitales européennes à propos des violences en Ukraine qui ont fait 28 morts, selon le dernier bilan officiel publié jeudi par le ministère ukrainien de la Santé Depuis l'Elysée, François Hollande a « condamné les violences ».« Il se produit des actes inqualifiables, inadmissibles, intolérables », a estimé le chef de l'Etat français lors d'une conférence commune avec la chancelière allemande Angela Merkel, à l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand à l’Elysée. « Nous avons condamné tous ces actes et la répression venant du pouvoir [...] Ceux qui ont commis ces actes, ceux qui se préparent à en commettre d'autres, doivent savoir qu'ils seront sanctionnés » , a-t-il ajouté.
La Maison Blanche a également dénoncé les violences « scandaleuses » qui se sont déroulées à Kiev et renouvelé son appel au président ukrainien Viktor Ianoukovitch à calmer la situation. Les violences dans la capitale ukrainienne, où des affrontements entre policiers et manifestants sont « totalement scandaleuses » et « n’ont pas leur place au XXIe siècle », a affirmé un proche conseiller du président Barack Obama, Ben Rhodes, lors d’un point de presse dans l’avion Air Force One.
L'ÉCLAIRAGE DE LA RÉDACTION - « Ukraine : des accents de guerre froide au sein de la communauté internationale »

L’Europe en ébullition, le Kremlin en colère

Le ministre des Affaires étrangères polonais Radoslaw Sikorski a annoncé mercredi après-midi qu’il était « en route » pour Kiev à la demande de la chef de la diplomatie européenne. Dans la matinée, il avait également annoncé via les réseaux sociaux qu’il se rendrait « prochainement » à Kiev « à la demande de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton ».
A Berlin, le ministre Allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a dénoncé la « grosse faute de Ianoukovitch » « Les manoeuvres dilatoires du président Ianoukovitch ont coûté cher à l'Ukraine. Son refus de discussions sérieuses sur une solution pacifique au conflit et sur une réforme constitutionnelle est une grosse faute ».
Côté britannique, le ministre des Affaires étrangères William Hague a déclaré sur Twitter que le gouvernement ukrainien devrait « rendre des comptes » sur la façon dont il a géré la situation politique.
Le chef du gouvernement polonais, Donald Tusk, a appelé mercredi ses partenaires européens à introduire « des sanctions qui devraient toucher sévèrement les auteurs du drame ukrainien, des sanctions personnelles et financières »« Les sanctions peuvent être un geste de solidarité indispensable et un signal important pour le pouvoir qu’il n’y a pas d’acceptation pour leur action », a-t-il affirmé dans un discours au parlement.
Mercredi matin encore, les diplomates français, allemands mais aussi polonais se « concertaient » sur le sujet, alors que devait démarrer le conseil des ministres franco-allemand à l'Elysée . Laurent Fabius a annoncé qu’il se rendrait jeudi en Ukraine avec ses homologues allemands et polonais pour faire le point sur la situation avant une réunion avec ses homologues européens. « Sans attendre, nous avons décidé avec mon collègue polonais et mon collègue allemand (...) de nous rendre demain matin à Kiev pour recueillir les dernières informations avant la réunion à Bruxelles en début d’après-midi », a déclaré le chef de la diplomatie française lors d’une conférence commune aux côtés du secrétaire d’Etat américain John Kerry à Paris. « Chacun doit se mobiliser pacifiquement pour revenir au dialogue et favoriser une solution dans ce pays », a-t-il ajouté.
A l’issue de ce dernier, François Hollande et Angela Merkel ont unanimement « condamné » des « actes inqualifiables, inadmissibles », assurant que les auteurs seraient « sanctionnés ». Ils demanderont « des sanctions » contre Kiev jeudi lors d'une réunion de l'UE. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE vont se réuniront en urgence demain à Bruxelles pour discuter de sanctions contre le régime du président ukrainien, a annoncé Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne. Celle-ci a convoqué mercredi matin une réunion des ambassadeurs de l'UE chargés des questions de sécurité, au cours de laquelle « toutes les options seront étudiées, y compris des sanctions contre les responsables de la répression et des violations des droits de l'Homme ». Une première mesure a été prise puisque la Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé le gel de ses activités en Ukraine. Pour le président de la BEI, Werner Hoyer un maintien des activités serait « irresponsable ».
De son côté, la Russie n'a pas changé sa position. Le Kremlin évoque toujours une« tentative de coup d'Etat » de la part des manifestants. « La partie russe exige que les leaders [de l'opposition] fassent cesser l'effusion de sang dans leur pays, reprennent sans délai le dialogue avec le pouvoir légitime sans menaces ni ultimatum », a déclaré la diplomatie russe. Le porte-parole de Vladimir Poutine a affirmé que « le président russe n'a jamais donné et ne donne pas de conseils à son homologue ukrainien sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire, et n'a pas l'intention d'en donner à l'avenir ».


La nuit tragique du 18 février
Le bilan s’est encore alourdi mercredi, après que les troupes anti-émeutes ukrainiennes ont lancé un Selon le ministère de la Santé, il atteignait 26 morts mercredi en fin de journée, et plus de 600 blessés. Les policiers ont avancé et pris position autour du monument qui se trouve au milieu du Maïdan, peu après 4 heures du matin (02 heures GMT) après une pluie de grenades lacrymogènes et assourdissante. Les tentes situées autour du monument ont pris feu les unes après les autres.
Les manifestants ripostaient en jetant des pavés. Pour se protéger des forces de l’ordre, les contestataires ont dressé un mur de feu. Derrière ce rideau de flammes, des opposants, casqués, équipés de gourdins et de boucliers en métal semblables à ceux des policiers, formaient une première ligne de défense.
Malgré les condamnations qui se sont multipliées sur la scène internationale, le président Viktor Ianoukovitch a refusé d’arrêter l’assaut et exigé que les manifestants évacuent la place du Maïdan, ont déclaré les leaders de l’opposition après l’avoir rencontré mardi soir. Le précédent bilan officiel, publié avant l’assaut, faisait état de cinq civils et sept policiers tués.
Le Maïdan est devenu le centre de la contestation, née de la volte-face pro-russe des autorités fin novembre, au détriment d’un rapprochement avec l’Union européenne. Une grogne qui s’est transformée en un rejet du régime du président Viktor Ianoukovitch.

VIDEO - Nouvel assaut mercredi matin :

Ianoukovitch menace de poursuites

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a menacé mercredi de poursuites les leaders de l’opposition « qui ont franchi les limites » avec les tentatives violentes de « prise de pouvoir »« Les leaders de l’opposition ont négligé le principe de la démocratie selon lequel on obtient le pouvoir à l’issue des élections et non dans la rue [...] Ils ont franchi les limites en appelant les gens à prendre des armes », a déclaré le président dans une adresse à la nation, alors que l’assaut était en cours contre les manifestants dans le centre de Kiev. « C’est une violation criante de la loi et les coupables comparaîtront devant la justice », a-t-il poursuivi.
Il a reproché aux leaders de l’opposition d’avoir appelé « les radicaux sur le Maïdan à une lutte armée » avant même que ne s’ouvre une session parlementaire mardi qui « aurait pu voir approuvées les lois qui auraient changé l’Ukraine »« Ils ont bloqué le parlement [...] et ont exigé tout le pouvoir pour l’opposition et immédiatement », a-t-il poursuivi. « Sans avoir un mandat du peuple, ces soi-disant hommes politiques ont tenté de prendre le pouvoir en violant la Constitution à l’issue de violences et de meurtres », a-t-il dit en référence aux victimes des affrontements de mardi.
Selon lui, l’opposition doit soit « prendre ses distances avec les radicaux » soit « reconnaître qu’elle les soutient »« Dans ce cas-là on leur parlera différemment », a-t-il ajouté.

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