lundi 20 janvier 2014

Catherine Samba-Panza la mere de bangui

Femme à poigne réputée incorruptible, la maire de Bangui, Catherine Samba-Panza, a été désignée à la présidence intérimaire de la Centrafrique. Sa mission : ramener la paix dans un pays déchirée par les affrontements interreligieux.

Il aura fallu deux tours de scrutin, lundi 20 janvier, avant que les 135 membres du Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire) ne désignent un président intérimaire centrafricain. Ou plutôt une présidente. C’est Catherine Samba-Panza, maire de Bangui depuis 2011, qui succède ainsi à Michel Djotodia. Ce dernier a été contraint à la démission le 11 janvier pour son incapacité à mettre fin à la spirale de violences interreligieuses dans laquelle le pays plonge un peu plus chaque jour.
Première femme à accéder aux plus hautes fonctions de la Centrafrique, Catherine Samba-Panza a recueilli 75 voix au second tour de scrutin, devançant l'autre candidat, Désiré Kolingba, fils de l’ancien chef de l’État André Kolingba, qui a obtenu 53 suffrages. Les résultats, lus dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, où se déroulait le vote, ont été suivis d'applaudissements et l'assistance a entonné l'hymne national centrafricain. Peu après l’annonce de sa victoire, "un tapis rouge a été déroulé à l’entrée de l’Assemblée", rapporte Tatiana Mossot, envoyé de FRANCE 24 à Bangui.
"Je suis la présidente de tous les Centrafricains sans exclusive"
La mission qui attend la nouvelle présidente de transition est ardue : pacifier le pays, rétablir une administration en déliquescence et enclencher le retour des centaines de milliers de déplacés chez eux. Autant de tâches à accomplir avant la tenue d’une élection présidentielle prévue d’ici à un an.
Jugée impartiale dans le conflit opposant l’ex-rébellion de la Séléka, à majorité musulmane, et les milices chrétiennes anti-balaka, Catherine Samba-Panza s’est toujours attachée à dénoncer les exactions commises par les deux camps. Aujourd’hui portée à la tête de l’État, cette femme d’affaires à poigne, qui détient une entreprise de courtage en assurance, se présente en rassembleuse du pays. "À compter de ce jour, je suis la présidente de tous les Centrafricains sans exclusive, a-t-elle assuré après sa désignation. Je lance un appel vibrant à mes enfants anti-balaka qui m'écoutent. Manifestez votre adhésion à ma nomination en donnant un signal fort de dépôt des armes". Et d’ajouter : "À mes enfants ex-Séléka qui m'écoutent aussi, déposez vos armes."
"LA MAIRE DE BANGUI A SOULIGNÉ CE QU'ELLE POUVAIT APPORTER EN TANT QUE FEMME"
"Maire courage"
Considérée comme une battante par ses concitoyens, la nouvelle présidente de transition "est quelqu’un qui a des principes", commente Gauthier Rybinski, expert des questions internationales à FRANCE 24. "On la dit incorruptible, elle a un caractère bien trempé et, surtout, l’idée de la citoyenneté centrafricaine."
Née le 26 juin 1954 à N’Djamena, au Tchad, d’un père camerounais et d’une mère centrafricaine, Catherine Samba-Panza a souvent fait montre de son attachement à la Centrafrique. Son travail à la mairie de Bangui, dont elle a tâché de rétablir les services administratifs après la mise à sac de la capitale par les rebelles de la Séléka en mars 2013, lui a valu d’être qualifié de "maire courage" par le quotidien français "La Croix". Mère de trois enfants, dont deux vivent en France, la nouvelle présidente a fait de la promotion des femmes l’un de ses chevaux de bataille. Un combat qu’elle espère d’ailleurs continuer à mener à la tête du pays.
Vue de France, l’ancienne puissance coloniale, l’élection de Catherine Samba-Panza constitue une bonne nouvelle. Le président François Hollande, lui a d’ores et déjà assuré que Paris se tiendrait à ses côtés dans cette "tâche difficile". La présidente de transition "est une femme tout à fait remarquable", a pour sa part réagi le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, après une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. "Je serai heureux de lui rendre visite très prochainement."
L’UE approuve l’envoi d’un millier de soldats européens
Catherine Samba-Panza prend ses fonctions alors que l’Union européenne (UE) vient d’approuver, vendredi 17 janvier, à Bruxelles, l’envoi d’un millier de soldats en soutien aux 1 600 Français de l’opération Sangaris et aux 4 400 militaires de la force africaine de maintien de la paix (Misca).
Les dirigeants européens espèrent obtenir dans la semaine un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies, afin de pouvoir déployer les premiers soldats d'ici à la fin  février. Cette force européenne devrait être basée dans les environs de la capitale, Bangui.
Parallèlement, l’UE et l’ONU ont annoncé le déblocage de 500 millions de dollars d’aide en faveur de la Centrafrique.

Aucun commentaire: